Histoire



La création du club, les années 1950 et 1960 

Photo années 1950

Automne 1950, les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale sont encore vives. L’ensemble de la population veut retrouver le plaisir du divertissement, y compris les militaires sortis exsangues de cette guerre. C’est dans ce contexte global que va germer, à Meucon, l’idée de créer un club de rugby. Pourtant, au premier regard, rien ne semble distinguer Meucon des autres communes alentour. À un détail près…C’est ici qu’est basé un camp militaire de parachutistes, pour la majorité, originaires du Sud-Ouest. Ces militaires sont placés sous les ordres du célèbre colonel Massu, qui deviendra général en 1955, et qui s’illustrera en Indochine et en Algérie avec ses bérets rouges.

Ce sont bien ces « paras Â» qui signent l’acte de naissance du club le lundi 6 novembre 1950. 

Le club s’installe alors en plein centre-ville de Vannes, au Bar de la Marine, porte Saint-Vincent. 

L’effectif est presque intégralement composé de militaires.  

Le premier capitaine est Edmond Gauthier, talentueux demi d’ouverture qui vient d’être muté de Pau et qui, avec son ami André Carrier, autre parachutiste, constitue le socle de cette équipe. 

Carrier se distingue par sa voix rauque et son charisme, sans cesse accompagné de son parapluie, qu’il manipule comme un fusil d’assaut. Il exhorte constamment ses coéquipiers : « Toujours de l’avant, ne recule jamais Â». Le seul civil de cette équipe se nomme Pierre Martin. Il est surnommé « biscotte » du fait de sa profession : vous l’aurez deviné… il était boulanger. 

Dès les premières saisons, les rivalités locales sont féroces. Certains clubs possèdent un héritage militaire commun. La rage de vaincre se mêle à un désir de suprématie et de fierté. Si Vannes est le club des parachutistes, Lorient est celui de la Marine et Lanester celui des Commandos marine. Trignac et Saint-Nazaire possèdent, eux, déjà la dureté des dockers locaux. 

Rapidement, une excellente dynamique s’enclenche et les bons résultats suivent. 

Dès 1953, le RC Vannes parvient même en demi-finale du championnat de France Honneur. Malheureusement, ces belles promesses sont brutalement interrompues. Le club doit déclarer forfait pour ce grand rendez-vous. Un événement majeur vient de mobiliser l’ensemble de ses joueurs : ils sont appelés au front, en Indochine.

En 1962, la déclaration d’indépendance de l’Algérie marque enfin le retour des « anciens bérets rouges Â» dans la région.

Ce sont des personnalités comme Edmond Gauthier, André Carrier, Jo Courtel, Jean Bodard, Gilles Sausseau, Jean Dumoulié, ou Louis Berger qui vont faire renaitre le RCV. Tout au long des années soixante, le club va sereinement se reconstruire et se stabiliser avant de connaître, lors de la saison 1969/1970, son premier grand moment en obtenant, à Chinon, sa toute première montée d’Honneur régionale à Nationale 3. 

Jo-Courtel (à gauche) avec André Carrier (à droite). (Collection Famille Bodard).

Les années 1970 et 1980 

Photo années 1967-68

Après les premières années fondatrices, les décennies 1970 et 1980 sont celles de l’affirmation. Vannes se place, alors, sur la carte du rugby français.

Le RCV demeure invaincu durant toute la saison 1969-70, validant sa montée par une victoire, 18-5, face aux Sables-d’Olonne. 

C’est à Niort, que les hommes du président Jo Courtel découvrent, l’année suivante, la troisième division nationale. Le RCV s’incline 40-3 chez le futur premier de la poule. L’apprentissage est brutal mais le maintien sera obtenu par une honorable cinquième place. Cette saison 1970-71 est également marquée par l’inauguration du stade Saint-Guen, le 27 septembre 1970, avec une victoire 6-3 face aux rivaux de Saint-Nazaire. 

Bien qu’en 1974 il faut attendre la dernière journée, et une victoire 12-11 face à Tours, pour se maintenir en Nationale 3, les années 70 sont celles de la régularité. Grâce à ses bons résultats, le club s’installe dans le paysage du rugby français. 

Cette constance va alors laisser place à une plus forte instabilité durant les années 1980. Au cours de cette nouvelle décennie, le RCV connait trois redescentes au niveau régional : en 1980, en 1984 puis en 1990. Mais au-delà du sportif, c’est surtout la tragique disparition en mer au large du golfe de Gascogne, en 1980, des deux piliers Gilles Nebinger et Daniel Perrot qui ébranle fortement le club. 

Durant ces deux décennies, la résilience du RC Vannes est testée à plusieurs reprises mais le club trouve à chaque fois la force de rebondir. En 1978, Alain Berthe résume si bien cet état d’esprit de conquérants : Â« Le rugby est un virus qu’il faut entretenir et propager. Nous devons nous battre chaque jour pour notre idéal ! Il faut y croire et nous y croyons ! Â». Animés par cette inébranlable conviction, ces pionniers ont repoussé de nombreuses frontières posant ainsi les jalons des futures conquêtes du RC Vannes.   


1997 : La montée historique en Fédérale 2

Dimanche 18 mai 1997. Il est tout juste 16h30 à Rochefort, en Charente-Maritime, quand l’arbitre siffle la fin du match. Incroyable mais vrai, Vannes vient bel et bien de faire chuter Hendaye 28-22. L’enthousiasme des Bretons a renversé la certitude des Basques. La joie et l’émotion emportent les joueurs. Jean-Yves Gauthier, alors entraîneur, verse une larme dans les bras de son frère Bernard, vice-président. « Avant la rencontre, je suis allé à Sainte-Anne-d’Auray allumer un cierge. J’y retourne cette semaine avec mon frère. C’est fabuleux pour le club, pour tous les jeunes qui arrivent derrière. », témoigne ce dernier. Presque cinquante ans après sa fondation, le RC Vannes vient de franchir un cap décisif. Pour la première fois de l’histoire un club breton accède à la Fédérale 2. Pourtant, rien ne semblait écrit à l’avance.

Entre les années 1980 et 1990 le club stagne dans les divisions inférieures. Après plusieurs saisons de purgatoire, il se cherche un nouveau souffle. Jean-Paul Saget, Laurent Tatibouet, Patrick Le Garjan et Jean-Pierre Le Garnec, entre autres, posent les premières pierres du renouveau. À partir de 1993, le retour au club de la fratrie Gauthier constitue un tournant. Jean-Yves, Bernard et Michel, ce dernier a évolué au plus haut niveau à Nice et Bayonne, sont des enfants du RC Vannes. Leur père Edmond, ancien parachutiste, est un de ses membres fondateurs. Ainsi, en 1996-97, le RCV domine son championnat et se qualifie pour les phases finales. Mais le chemin de la montée est encore long et difficile. En 32ème de finale, Vannes domine le Clermont Université Club 32-19. Au tour suivant, c’est Pauillac qui est vaincu à la surprise générale. Le parcours du RCV s’arrête finalement face à Surgères en 8ème de finale. Mais pour accéder à la Fédérale 2, un dernier espoir demeure. Il faut créer l’exploit dans un barrage sur terrain neutre face à Hendaye, qui joue lui son maintien. Du fait de leur expérience, les Basques sont considérés comme les immenses favoris. Ce match, imprévisible en début de saison, prive une quarantaine de fervents supporters de s’y rendre. En effet, le groupe de vétérans du RCV se trouve alors à…Hendaye afin de participer, le même jour, à un grand tournoi annuel. Comme un incroyable clin d’œil du destin. Même le président de l’époque, Alain Berthe, ne peut assister à cette victoire historique. À l’heure du match, il participe à un match de gala. En tribune, les vétérans vannetais ne cessent d’écouter à la radio l’évolution du score de leur équipe fanion. À l’annonce de la victoire, c’est l’euphorie en tribune. Le speaker, fair-play, annonce alors au micro : « Pour la première fois de l’histoire un club breton accède à la deuxième division, en battant un club de chez nous, Hendaye ! Â» Sur le terrain, Alain Berthe ne peut contenir son émotion. Fou de joie, il expédie le ballon très haut dans le ciel. Comme un symbole, en ce dimanche de Pâques, le RC Vannes vient de véritablement prendre son envol ! 


2006 :  Le RCV accède au plus haut niveau amateur

En regardant avec un peu de distance les différents chapitres de l’histoire du Rugby Club Vannes, on s’aperçoit que celle-ci a souvent été séquencée par décennie. Les années 1960 ont été celles de la structuration du club et des premières années en Honneur régional. En 1970, intervient la première montée en Nationale 3 jusqu’à la redescente en 1980. Durant les années 80 et 90, le RCV fera souvent l’ascenseur entre la Nationale 3 et le championnat régional, jusqu’à la montée historique à Hendaye en 1997. Débute alors un nouveau chapitre de l’histoire du club : celui des années en Fédérale 2, entre 1997 et 2006. Lorsque le RC Vannes accède à la Fédérale 2, en 1997, il devient le premier club breton à atteindre ce niveau. A la lecture des équipes qui figurent dans son championnat l’inquiétude est de mise : Tulle, Sarlat, Fumel, Cognac, autant de noms qui ont marqué le monde de l’ovalie au plus haut niveau. Mais en réalité, au fil des rencontres, grâce surtout à de belles victoires acquises à domicile, le RCV prend confiance. Notamment avec l’inoubliable victoire face au leader Sarlat, 11-9, à Jo-Courtel devant plus de 2 000 spectateurs ! Alors du jamais vu à Vannes pour un match de rugby ! Il faut souligner l’important travail effectué par les deux entraîneurs de l’époque : Jean-Yves et Michel Gauthier. Sans jamais rien précipiter, ils ont su patiemment installer et structurer le RCV à ce niveau. 

La saison 2000/01 sera elle plus chaotique, avec un maintien assuré lors de la toute dernière journée à ÉvreuxAprès huit saisons en Fédérale 2, où le club bataillait pour son maintien, l’arrivée de Goulven Le Garrec au poste d’entraîneur va très vite porter ses fruits. Premier joueur breton à avoir intégré le monde professionnel en 1997, dans le Top 16 d’alors à Bordeaux-Bègles, Le Garrec fait immédiatement franchir un cap au RCV. Dès sa première saison à la tête de l’équipe première, Vannes termine troisième au classement. La saison suivante est celle de l’apothéose avec comme fait marquant une série complètement folle de douze victoires consécutives. Les Bleu et Blanc décrochent leur billet pour la Fédérale 1 au soir d’une victoire contre le PUC, 42-10, à Jo-Courtel. Avec ce parcours exceptionnel, Vannes termine à la deuxième place des quatre-vingt-dix-clubs de Fédérale 2. Pour la première fois de son histoire, le RCV accède à la Fédérale 1 et propulse le rugby breton au plus haut niveau amateur ! 


14 mai 2016 : La montée en Pro D2

Samedi 14 mai 2016, 22h. Le Rugby Club Vannes vient de dominer Massy 25-13. Pour la première fois de l’histoire un club breton accède à la Pro D2. À peine la fin du match sifflée, les supporters en liesse ont envahi le terrain. Embrassades et accolades, photos avec les vainqueurs : le Stade de la Rabine est en ébullition !

« On n’y croit pas, je pense qu’on va mettre du temps à réaliser. On avait la conviction qu’on pouvait le faire. Nous étions peut-être les seuls à y croire, depuis des nombreuses années, qu’un jour ou l’autre on pourrait le faire et ce jour est arrivé. C’est énorme. Â» témoigne ému le capitaine Clément Payen, sur le terrain, au coup de sifflet final.

Effectivement, dès la création du club en 1950, ils étaient peu nombreux à croire au destin du rugby en Bretagne. Pourtant, l’inébranlable volonté de quelques-uns à prendre place dans le paysage du rugby national a su infléchir l’ordre établi. 

En vingt ans, de 1997 à 2016, avec une régularité de métronome le RCV est monté de la Nationale 3 à la Pro D2, passant neuf ans en Fédérale 2 puis dix ans en Fédérale 1. 

Le club a pris le temps de grandir, de murir, de se nourrir de chaque déception pour alimenter les succès de demain.

En 2011, après cinq années à ce niveau, Vannes découvre pour la première fois l’odeur du challenge Jean-Prat. Le chemin est parsemé d’embûches mais la progression demeure constante. La saison 2014/2015 est marquée par un remarquable parcours : le RCV termine à la première place de la phase régulière, élimine Bourg-en-Bresse en huitième de finale avant de rendre les armes face à Lille en quart. La déception est grande mais elle servira de socle pour l’avenir. 

Et ce dixième exercice en Fédérale 1 va entrer au panthéon de l’histoire du club. Il débute au mois de septembre par une victoire à Saint-Médard avant de se terminer, au cÅ“ur du printemps, en apothéose un soir de mai à la Rabine. Entre ces deux rendez-vous, Vannes ne s’incline qu’à une seule reprise en seize matches et retrouve Massy pour un duel d’accession à la Pro D2. Le match aller est mémorable pour les Bretons. Le XV vannetais arrache la victoire 31-32 à l’extérieur, à la toute dernière minute, et s’offre ainsi le luxe de recevoir, une semaine plus tard, les Franciliens dans un Stade de la Rabine imprenable depuis plus de deux ans. Pourtant, le RCV se fait peur lors de la première période. Massy mène 13-6 à la mi-temps. À ce moment-là du match, les Franciliens sont en position de monter à l’échelon supérieur. Mais tout bascule à la 52ème minute ! Sur un inoubliable raid solitaire de plus de quatre-vingts mètres, Anthony Bouthier change définitivement la physionomie de la rencontre.

À cinq minutes de la fin, le public de la Rabine entonne « On est en D2 ! On est en D2 ! », avant d’envahir le terrain au coup de sifflet final ! Les Vannetais savourent cette victoire qu’ils fêtent ensuite en ville en rejoignant les bars du port : klaxons et Gwenn-ha-du animent les rues de la cité des Vénètes. Toute la Bretagne était derrière le RCV qui atteint pour la première fois de son histoire la Pro D2.


2019 :  La folie du match de barrages ! 

Lors de cette dernière journée de championnat 2018-2019, la règle est simple. Le Rugby Club Vannes se trouve à deux points de Mont-de-Marsan, quatrième au classement. Une victoire contre les Landais propulserait alors le RCV à cette quatrième place, synonyme de match de barrages à domicile la semaine suivante. Et dans une Rabine pleine comme un Å“uf, les Bretons allaient s’imposer 24 à 13, après une rencontre qui marque l’histoire du club. Et le hasard fait bien les choses puisque Montois et Vannetais se retrouvent une semaine plus tard pour un prometteur barrage d’accession aux demi-finales de Pro D2.

En ce dimanche 12 mai, le soleil brille à Vannes et l’ambiance monte crescendo devant le stade de la Rabine avant d’entrer en totale ébullition à l’heure du coup d’envoi. Les nombreux supporters n’ayant pas pu obtenir leur précieux sésame, pour assister au match, se pressent devant l’écran géant posé sur le port. Comme la semaine dernière, les Vannetais démarrent le match en trombe et Ambrose Curtis jaillit pour aller planter le premier essai dès la première minute. Les Landais sont étouffés d’entrée. Pourtant le Stade Montois réplique immédiatement mais Gwenaël Duplenne servi par Branden Holder, qui avait fixé la défense, double la mise dès la septième minute. La Rabine est aux anges et l’indiscipline des Montois n’arrange rien pour eux. Les joueurs du RCV en parfaite condition physique bousculent les Montois, trois pénalités de Jules Le Bail et Christopher Hilsenbeck  donnent un premier écart non négligeable, avant que Holder ne conclue une sortie de mêlée favorable. Quarante premières minutes de rêve pour un score de 30-10 à la mi-temps, Après le repos, le RCV garde l’emprise sur le match. En supériorité numérique et suite à une nouvelle superbe attaque, Ambrose Curtis marque un deuxième essai puis récidive pour un formidable triplé, suite à un coup de pied à suivre de Chris Hilsenbeck. Enfin, comme l’épilogue d’une journée parfaite c’est Anthony Bouthier qui signe ses adieux à La Rabine en marquant le sixième essai après une percée dont il a le secret. Le score final est sans appel : 50-10 ! La Rabine vibre comme jamais, le RCV se qualifie pour la première demi-finale de son histoire à Brive.